L’industrie du lait remise en question par l’Europe ?

Publié le par Marion

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L’industrie du lait remise en question par l’Europe ?

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           L’autorité européenne pour la sécurité des aliments a publié en octobre 2009 un rapport et des recommandations quant au traitement des vaches laitières. Leurs conditions d’élevage sont pointées du doigt. En vérité, elles sont proches de la torture…



Une consultation à grande échelle

           L’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) vient de publier un rapport sur le bien-être des vaches laitières. Mandatés par la commission européenne, un groupe de scientifiques sur la santé et le bien-être des animaux (AHAW) a émis des avis sur le bien-être des vaches laitières en regard des aspects pathologiques, zootechniques, physiologiques et comportementaux des vaches, en fonction des différents types d’élevages.


4 types d’élevages
           60 % des élevages bovins sont des élevages laitiers. Les types exploitations peuvent être répartis en 4 grandes catégories. Outre les vaches en pâturage et en coures paillées, il existe en effet des élevages en stabulation à logettes dans lesquelles les animaux sont séparés les uns des autres par des parois. Enfin, les stabulations entravées constituent les installations à plus grande échelle et les plus cruelles de l’élevage intensif si l’on considère que les vaches n’ont aucune possibilité de se mouvoir…


Vers une création de mutants ?
           Le rapport met en cause la sélection génétique dans la plupart des problèmes constatés par les experts. Depuis 30 ans en Europe, cette sélection a été effectuée afin d’augmenter la production de lait des vaches. Aujourd’hui, 50 % des vaches laitières d’élevage sont issues de cette sélection génétique qui a entraîné une modification de leur silhouette en accroissant leur taille. Résultat : Les structures d’élevage actuelles ne sont plus adaptées à la taille de ces vaches. Et leurs problèmes physiques se multiplient, comme des boiteries, car leur squelette n’est pas adapté à leur nouvelle corpulence…


Des installations inadaptées
           Les stabulations en logette ne permettent même plus aux vaches de réaliser des mouvements pour se relever ou se coucher ; induisant aussi des boiteries. Le manque d’espace dans ces installations provoque des blessures sur la peau, les membres, les pis et les sabots des animaux. Dans les installations fermées, les sols en béton, généralement humides ou recouverts de boue causent des chutes et des problèmes de sabots. En stabulation libre, le manque d’espace autour des zones de distribution de nourriture provoque des bousculades et des réactions agressives de compétition. De façon générale, l’environnement des stabulations fermées révèle des problèmes de ventilation, de température et de taux d’humidité inadaptés qui sont aussi vecteurs de stress et de maladies.


Le manque d’hygiène
           C’est encore dans les installations closes que l’on constate des problèmes d’hygiène. Les litières qui ne sont pas suffisamment propres engendrent aussi des problèmes de sabots et peuvent générer des infections des mamelles. Ces problèmes de mamelles, aussi appelés mastites, sont des maladies inflammatoires fréquentes en élevages intensifs. Cette pathologie est due à la prolifération de bactéries conduisant à un tarissement du lait et à des pathologies plus graves sur l’animal en l’absence de traitement. Si les experts ont conclu que le risque d’apparition de cette pathologie est indépendant du système de stabulation, il apparaît tout de même que certains facteurs la favorisent. C’est le cas lorsque le matériel de traite n’est pas adapté, mal utilisé ou mal entretenu…

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La malnutrition
           Dans tous les types d’élevages, pâturages mis a part, les experts ont constatés des troubles métaboliques liés à une mauvaise alimentation. En effet, l’automatisation des distributeurs de nourriture ne permet pas un contrôle sur chaque animal et les vaches présentent des déséquilibres énergétiques important au début de l’allaitement et au moment du vêlage. Ce phénomène a particulièrement été observé sur les vaches issues de la sélection génétique. Les déséquilibres alimentaires engendrent des pathologies comme l’acidose ruminale (détérioration du rumen) ainsi que la fièvre vitulaire (fièvre du lait). Les déséquilibres énergétiques sont aussi responsables de problèmes de fertilité chez les vaches laitières. La consanguinité observée ces dernières années en a accru le phénomène.


Des pratiques peu éthiques
           Pour avoir du lait, il faut que les vaches fasse des veaux…ceci implique des inséminations artificielles à la chaîne pour maintenir un taux de lactation suffisant. Des études récentes ont  démontrées qu’un intervalle de 15 mois entre 2 vêlages était un compromis entre bien-être et production de lait… Dans certains élevages, les vaches ne disposent pas d’espaces particuliers pour vêler. Elles sont ainsi soumises à un stress intense au milieu des autres individus au risque de se blesser ou de développer des infections.

La séparation du veau et de sa mère est aussi un problème éthique qui engendre un stress important. La conduite préconisée par le comité est de retirer le veau dans les 24h suivant la naissance pour éviter que les deux individus ne puissent tisser des liens. Mais les veaux retirés restent le plus souvent en contact visuel ou olfactif avec leur mère; ce qui décuple le stress des deux individus. Enfin, des pratiques brutales des hommes – notamment lors des regroupements d’animaux ou pendant la traite – ont aussi été reconnues comme sources importantes de stress menant au développement de maladies.


Le cas des stabulations entravées
           Point d’orgue pourtant tout en nuance du rapport, certains scientifiques se positionnent contre l’existence des stabulations entravées. Mais leurs seules recommandations consistent à plus d’exercices quotidiens pour les vaches vivant dans ce type de structures…


Des conclusions peu engageantes
           La quantité de données générées par ce rapport a le mérite de mettre un coup de projecteur sur les conditions de vie sordides des vaches laitières. Mais les conclusions et autres recommandations émises par les scientifiques restent bien nuancées face à l’ampleur du problème ! Même si une minorité de ces scientifiques dénonce formellement l’existence même des stabulations entravées, il reste un long chemin à parcourir avant de les voire disparaître…


Agir : ce que vous pouvez faire
           L’industrie du lait a dévoilé une partie de ses failles sur les plans économique, éthique et sanitaire, dans ce rapport. Si on peut s’étonner que des mesures drastiques ne soient pas prises à la vue de ces conclusions, le pouvoir du consommateur peut ici s’affirmer :
- diminuer sa consommation de produits laitiers, c’est réduire la production et protéger sa santé (dioxine, cancers, etc.).
- privilégier des produits laitiers issus de l’agriculture biologique, c’est s’assurer des meilleures conditions d’élevage existantes pour les vaches ayant produit le lait… même si cela ne règle pas le problème du sort des veaux.
- choisir des produits laitiers à base soja issu de l’agriculture biologique est la meilleure solution pour protéger 1/ la planète des gaz à effet de serre, 2/ les vaches et les veaux, 3/ notre santé.

 

 

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